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PROJET  

PROGRAMME //

Le projet Nakasuk est une combinaison de réseaux de transports, de structures nomades et d’installations urbaines abritant des activités économiques à la fois traditionnelles et contemporaines. Au niveau du programme, l’installation urbaine abrite une usine de transformation pour la pêche côtière, la chasse et la chasse au phoque; un programme de formation sur les carrières accompagnée d’une coopérative de sculpture en pierre avec des espaces de travail et une galerie; des ateliers de couture; une garderie; un marché; un atelier de préfabrication; et congélateur communautaire. Le projet Nakasuk inclu aussi l’ensemble des cabines informelles le long de la rive appelées qamutik. Ces petites unités aux typologies variables vont des remises jusqu’aux modèles plus utilitaires comme des fumeurs et des ateliers d’artisanat. L’essence même du projet est que celles-ci se cumulent au fil des années, pour revitaliser la rive ouest d’Iqaluit.

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Source : Holmes, L. (2013). Projet Nakasuk. University of Waterloo.

APPROCHE //

Cette carte montre très clairement que l’accès public à l’eau à Iqaluit est en grande partie entravé par des foyers et des voies de circulation en cul de sac. Pendant la saison d’hiver de neuf mois, avec peu ou pas de fenêtres, les qualités urbaines sont minimes. En offrant de vastes espaces publics intérieurs et extérieurs, le projet Nakasuk répond à cette demande urgente de lieux pour faire du travail, rencontrer des amis, ou se reconnecter au land. Le bord de mer est un endroit idéal pour ce genre d’activité.

 

Le front de mer se déplace avec le courant de marée quotidien, au cœur de la ville le matin et à près d’un kilomètre de distance à l’heure du midi. Pendant l’hiver, une couverture de neige fait disparaître complètement la limite du rivage, ce qui génère une grande place à l’entrée d’Iqaluit. Dénotant le bord de la ville, les hangars de chasse et les cabines bordent tout le front de mer du centre-ville. Leur construction informelle et leur faible hauteur de toit permettent certaines percées visuelles vers la baie. Par ailleurs lorsque l’on se promène près de ces petits bâtiments, on peut trouver un artiste qui sculpte des bois de caribou, une peau de phoque qui sèche sur un cadre en bois ou une collection de pièces de motoneige. Prenant en compte cette expérience publique caractérisique, le projet commence par renforcer cette démonstration cruciale du caractère distinctif du Nord.

 

L’ajout continu d’unités qamutik le long du front de mer renforce les valeurs communautaires du mouvement public et des vues sur la baie Frobisher. Au fil du temps, le projet spécule que les unités s’étendront jusqu’au secteur riverain non développé à l’Ouest. Le modèle d’implantation en agrégat génère des couloirs parallèles de plein et de vide. En retrait les uns des autres pour permettre une exposition solaire maximale, chaque rangée d’unités qamutik crée une venelle piétonnière à l’abri du vent et éclairée par le soleil. De plus, les rangées s’alignent sur les sentiers piétonniers existants qui se déplacent entre le centre-ville et le front de mer. À certains moments, les unités qamutik forment des espaces de rassemblement enclavés.

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Source: Holmes, L. (2013). Tissu du centre-ville et accès public. University of Waterloo.

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Source: Holmes, L. (2013). Changements du littoral. University of Waterloo.

CALENDRIER ET PHASAGE //

Le rythme saisonnier influence le projet de deux façons importantes : la période de chasse et la période de la livraison des marchandises. Le projet Nakasuk s’harmonise avec le calendrier saisonnier pour s’assurer d’une efficacité optimale et la préservation des moyens et des activités de subsistance saisonnières des résidents. Lors de la débâcle printanière, lorsque les terres ne conviennent pas aux déplacements, des cours de formation sont offerts. En été, la pêche hauturière, la transformation, la couture, la sculpture extérieure, l’extraction, la randonnée pédestre et les marchés sont en activité. Lorsque la baie commence à geler, les unités qamutik (les cabines riveaines) sont en construction. Une fois que la neige couvre le sol, la pêche sur glace ainsi que la pêche à longue ligne dans les lacs et les ruisseaux commencent.

Source : Holmes, L. (2013). Calendrier et phasage. University of Waterloo.

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CARACTÉRISTIQUE CONSTRUCTIVE //

L’impact majeur des changements climatiques à Iqaluit se manifeste principalement dans l’affaiblissement et la fonte du pergélisol. Comme décrit dans la section changements climatiques, les impacts sur le bâti des fluctuations de cette couche du sol sont nombreux et coûteux pour les communautés nordiques. De plus, l’aménagement des berges reste un enjeu particulièrement complexe pour la ville d’Iqaluit. Effectivement, sources d’aménités que cela soit pour le domaine commercial ou résidentiel, le rapport à l’eau reste imminemment important pour la population. Cependant, avec les variations climatiques de plus en plus importantes, la construction d’infrastructures en bord de berges selon la méthode classique du remblai est beaucoup trop onéreuse et ne garantis pas la pérennité du bâtiment.

 

Le projet urbain Nakasuk s’illustre donc constructivement par son mode d’implantation au sol. Effectivement, le centre lui-même situé plus à l’Ouest, sera construit sur pieux. Ce choix constructif permet d’aller encrer le bâtiment plus profondément dans le sol et ainsi de minimiser les variations générées par le tassement des couches supérieures du sol. De plus, l’usage des pieux réduit l’impact environnemental qu’un remblai aurait pu engendrer par le recouvrement complet de la zone d’implantation du projet et permet la ventilation du sol par les vents. Autrement, la construction du bâtiment n’affectera pas l’état du pergélisol.

Par la suite, l’autre partie est celle incluant les petites cabines qui ont impact environnemental minime sur le site. En effet, la majorité d’entre elles sont composées de matériaux recyclés, soit provenant des logements, soit provenant des matériaux laissés derrière suite aux livraisons des marchandises par bateau. Par ailleurs, aucune de ces petites infrastructures n’a de fondations s’ancrant de manière permanente dans le sol. Celles-ci sont donc déplaçable, et l’aménagement de celles-ci est modulable dans l’éventualité d’une montée des eaux radicales.

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Source: Holmes, L. (2013). Fondations sur pieux du bâtiment principal. University of Waterloo.

La façade sud de l’installation de Nakasuk est revêtue de grandes quantité de vitrage pour capter la chaleur solaire passive et offrir des vues ininterrompues sur l’inlet.

Source: Holmes, L. (2013). Façade sud avec passage sous le bâtiment. University of Waterloo.

SYNTHÈSE //

Le territoire du Nunavut contient 40 % du littoral du pays. Chacune de ses communautés situées en bord de mer possède un patrimoine océanique intime qui remonte à bien avant le contact avec les colonisateurs européen. Pendant la majeure partie de l’année, la surface de l’océan est gelée. À partir d’octobre il est possible d’utiliser les motoneiges pour se promener sur la glace. La débâcle n’est habituellement observée qu’en juillet, bien que les changements climatiques la fassent se produire de plus en plus tôt. Cette longue période de glace est vitale pour la chasse, les déplacements et les loisirs. Cette étendue gelée fournit une plate-forme à partir de laquelle il est possible de chasser les espèces marines. Sa surface plane permet aux motoneiges de voyager relativement facilement. Sans elle, les communautés sont enclavées et isolées. Au milieu de l’été, une courte période d’eau libre permet aux bateaux à moteur d’accéder aux terrains de chasse et aux campements sur le territoire.

 

Les variations saisonnières de l’environnement arctique ont toujours influencé les habitudes de vie des Inuits. Ces fluctuations sont si profondes qu’elles demeurent ancrées dans la vie des populations nordiques. La célébration de ces variations entraîne le déplacement des gens de leurs maisons d’hiver, en milieu urbain, vers un mode de vie estival dans leurs camps sur le land. La réalité acceptée de cette puissance saisonnière réside dans la ruée logistique de l’arrivée des marchandises au début de l’été en provenance du sud du pays.

 

Le projet Nakasuk est, d’un point de vue culturelle, d’une très grande sensibilité. Faisant le compromis, entre culture, société et économie, il réussit à définir une urbanité nordique en adéquation avec les activités et le mode de vie traditionnelles. Par contre, la réalité climatique devient un enjeu de plus en plus important pour les communautés nordiques. En effet, celles-ci, sans forcément employées la terminologie scientifique contemporaine, témoigne des impacts de ces changements sur la réalisation de leurs activités traditionnelles. Il aurait donc été intéressant que l’aspect des changements climatiques soient abordés de manière plus franche lors de la réalisation du projet Nakasuk. Effectivement, la comparaison entre le mode de construction traditionnel et celui proposé dans le projet aurait pu être pertinent pour justifier un aménagement à la fois culturellement mais aussi environnementalement adapté.

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