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ENJEUX 

L’EXPRESSION URBAINE D’IQALUIT //

Les bâtiments et vestiges qui composent Iqaluit permettent de d’appréhender l’ensemble de son évolution. Son tissu répertorie les intentions et les visions des individus, des organisations et des forces extérieures qui ont façonné la vie de ses habitants actuels. L’expression urbaine et architecturale de cette ville est inégalée, allant des sites Thuléens aux bâtiments institutionnels, vestiges de la quête marsienne. Les racines militaires d’Iqaluit ont donné lieu à un héritage d’architecture expérimentale qui contredit des siècles d’habitation vernaculaire.

FORGÉE PAR LES VENTS //

Au-delà des l’implication de différents facteurs humains à travers les années, il est possible de constater l’omniscience des facteurs climatiques dans le développement urbain d’Iqaluit. Effectivement, le plan général a visiblement été forgé par les vents provenant du nord-ouest. Le noyau urbain se trouve sur les rives de l’inlet Koojesse (énorme formation rocheuse générant la baie de Frobisher) canalisant les forces éoliennes. À marée basse, près d’un kilomètre d’espace public à partir du noyau devient disponible pour toutes sortes d’activité informelles.

LA FORCE DES ESPACES OUVERTS //

L’espace ouvert entre le tissu urbain, en plus de faciliter l’écoulement des vents au sein de la ville, est l’endroit où les activités et les rencontres informelle et traditionnelle s’effectuent. Il s’agit également d’un espace de loisirs qui facilite un vaste réseau de mobilité. Cependant, cet atout remarquable n’a pas encore été reconnu dans la conception d’espaces publics « uniquement nordiques ». Malheureusement, le model suburbain des espaces publics du sud prédomine encore, malgré son inadéquation avec la réalité du grand nord.

LES CIRCULATIONS INFORMELLES //

Les déplacements des personnes, des camions, des motoneiges, des VTT et des bateaux sont des éléments omniscients dans le paysage d’Iqaluit. La mobilité, qui est une nécessité pour la vie dans le Nord, a ouvert la voie à un réseau étonnant de sentiers organiques à travers toute la ville. Partant des quartiers résidentiels, ils rognent les intersections, se faufilent entre les bâtiments et enjambent les ruisseaux qui entourent le centre-ville, tous se dirigeant vers le front de mer. Leur utilisation améliore la fluidité des déplacements piétons dans l’ensemble des collectivités nordiques. Effectivement, leur apparition est favorisée par l’absence de clôtures et la nature publique de la plupart des bâtiments, maisons et bureaux. Ils s’insèrent dans les non-lieux, ceux jugés impropres au développement conventionnel. Comme les doigts de Nuna (le territoire) qui s’approchent de la ville, ces espaces ouverts offrent une protection aux piétons contre les routes d’été poussiéreuses, un espace de travail bien ventilé pour les sculpteurs dans un panache de particules de pierre à savon, et une route rapide pour les motoneiges pour accéder au land.

« Ces corridors non programmés offrent quelque chose que les terrains de jeux de banlieue importés des récents développements d’Iqaluit n’offrent pas. Urbain mais naturel, c’est un endroit où les activités traditionnelles prospèrent sous les lumières de la ville. »

- Lauren Holmes, Nuna-Regionalism - 2013

IMPORTANCE DU RAPPORT À LA CÔTE //

Le noyau urbain d’Iqaluit a, d’Est en Ouest un rapport programmatique complètement différent à la côte. Alors que la moitié Est du front de mer comprend un centre pour les visiteurs, un musée, un café et un centre pour les aînés, la moitié ouest fait rapidement une transition vers l’arrière-boutique, une zone résidentielle et une section de plage gérée par la Garde côtière pour le déchargement des marchandises. Au-delà de cette zone urbanisée, le front de mer continue de s’étendre dans les deux directions. À l’est, un cimetière situé sur le bord de l’eau marque le début d’un sentier utilisé historiquement par les Inuits pour rejoindre la petite collectivité d’Apex jusqu’aux installations de la base militaire de ce qui était initalement la baie Frobisher. À l’ouest, les chiens de traîneau sont enchaînés entre les feux de piste de l’aéroport, et au-delà, une courte promenade dans le parc industriel d’Iqaluit mène à la rivière Sylvia Grinnell.

« Le secteur riverain d’Iqaluit a le potentiel de valoriser le patrimoine côtier de ses résidents, mais aucune instance ne prend la peine de le faire correctement à l’heure actuelle. »

- Lauren Holmes, Nuna-Regionalism - 2013

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Source: Google Maps - Capture d'écran

USAGE DE LA CÔTE //

Le front de mer est bordé, quasiment sur toute la longueur de la ville, par des hangars et des entrepôts. Utilisés principalement par les chasseurs et les trappeurs pour entreposer l’équipement et pour servir d’espace de travail, ces remises et cabanons sont construits à partir de matériaux de construction excédentaires et de débris laissés derrière après la livraison des marchandises, ce qui représente la seule trace d’une véritable architecture vernaculaire d’Iqaluit. Certains sont construits au sommet de qamutiks (traîneau à neige) pour être amenés sur les terres pour servir d’hébergement durant la période de chasse. D’autres agissent comme un dernier recours pour échapper aux conditions de logement surpeuplées. Transmise d’une génération à l’autre, la seule façon de construire un nouveau hangar est d’attendre qu’un hangar existant soit démoli, habituellement par le feu. Grâce à un certain flou légal, ces cabines sont tolérées, leur esthétique compromis par les conditions environnantes précaires. Individuellement, elles demeurent très sculpturales, mais collectivement elles résultent en quelque chose de beaucoup plus significatif. Elles permettent la filtration du mouvement public et des percées visuelles sur la baie de Frobisher. Elles hébergent également des activités culturelles et traditionnelles. Ensemble, elles forment un espace interstitiel entre la ville et le land, entre les modes de vie traditionnelle et le mode de vie moderne. Ainsi, conceptuellement, elles illustrent la vision de l’identité inuite urbaine.

« L’illégalité de leur présence menace cette architecture d’emprise minimale sur le développement d’un caractère inuit urbain. »

- Lauren Holmes, Nuna-Regionalism - 2013

SOLUTION À L’USAGE DE LA CÔTE À L’OUEST //

Une partie du secteur ouest de la bande riverain offre l’opportunité de poursuivre la riche de la superposition de sentiers, d’institutions culturelles et de structures informelles que l’on trouve dans la moitié est actuellement. Cette réhabilitation permettrait au public de développement un sentiment d’appartenance à l’égard de cette partie sous-utilisée de la ville, tout en maintenant les caractéristiques qui en font un exemple identitaire si critique. Le potentiel de cet endroit réside dans l’amélioration des cabines vernaculaires et à un plus grand encouragement de la construction tout en maintenant l’accès à l’océan et les points de vue. De plus, en construisant de nouveaux équipements publics, l’utilisation accrue et la fierté de cet espace urbain distinctif contribueraient à renforcer la vision de l’identité d’Iqaluit en tant que lieu hybride.

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Source: Holmes, L. (2013). Zone ciblée. University of Waterloo.

L’USAGE DE LA CÔTE PAR RAPPORT LA MONTÉE DES EAUX //

Sans être directement lié aux changements climatiques dans l’imaginaire collectif, les aléas de la côte restent une composante clef de la culture inuite. Alors que plusieurs villes dans le monde se retrouve à devoir réaménager leurs berges dû à des infrastructures non-résilientes, les rives d’Iqaluit sont quant à elles parsemées de structures légères et mobiles. Ainsi, par cet aménagement, les impacts environnementaux sur les côtes sont moindres, et il est possible d’ajuster l’aménagement en adéquation avec le niveau de la mer.

8 POINTS DE DESIGN POUR IQALUIT PAR LAUREN HOLMES //

Voici une liste de lignes directrices pour la conception dans la région d’Iqaluit se basant sur les conditions sociales, environnementales et spatiales décrites dans les onglets précédents et se basant sur les observations effectuées par m. Holmes.

1. Les moyens de subsistance et les activités culturelles locales doivent être facilités dans l’ensemble des espaces civiques. Non seulement la formalisation des moyens de subsistance en développement communautaire suscitera la fierté, mais elle assurera aussi la pertinence culturelle.

 

2. Encourager la conception de meilleure qualité en favorisant les constructions informelles et les ateliers de formation. Ainsi, le savoir-faire lié au qamutik et aux cabines pourront se transposer à plus grande échelle et forger un nouveau langage architectural plus culturellement approprié à Iqaluit.

 

3. L’accès et les points de vue au land sont très cruciaux pour les habitants d’Iqaluit et doivent être intégrés à la planification communautaire. Les bâtiments publics devraient être situés sur le front de mer afin de permettre des vues, des déplacements vers les rives et un front bâti cohérent.

4. La circulation intérieure des bâtiments publics doit être considérée comme un espace de rassemblement public. Elle devrait devenir un prolongement des réseaux de piétons organiques et fluides d’Iqaluit.

 

5. Les espaces extérieurs doivent générer des microclimats fonctionnant à de multiples échelles de rassemblement tout au long de l’année et qui tiennent compte des nombreuses formes de mobilité dans le Nord, soit les voitures, les camions, les motoneiges et les VTT.

 

Les espaces extérieurs doivent pouvoir fournir un microclimat agréable pouvant soutenir des rassemblant à différentes échelles. Ces mêmes espaces extérieurs doivent permettent d’accommoder tous les types de mobilités nordiques (motoneiges, voitures, camions).

 

6. Permettre au contexte environnemental et spatial de façonner la forme du bâtiment. Ajustez la hauteur du plafond en fonction des hangars de chasse, des murs inclinés pour sculpter les entrées abritées ou utilisez de la peinture vive pour continuer le tissu coloré des institutions publiques existantes.

 

7. Réfléchir à l’interaction entre les bâtiments et la manière dont ceux-ci s’encrent au sol. Il est donc nécessaire d’inclure dans la conception la formation et la réduction des bancs de neige ainsi que la précarité du pergélisol.

 

8. Le rythme saisonnier devrait modifier le fonctionnement d’Iqaluit, de l’établissement des horaires à l’occupation des bâtiments. De la période des fêtes hivernales, rassembleuse et conviviale à la période estivale, plutôt solitaire et individuelle, l’aménagement devrait avoir la robustesse pour appuyer ces deux modes de vie.

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